Valoriser les biodéchets en produisant une nourriture animale
Localisation du projet
661 Rue des Grands Prés, 88100 Sainte-Marguerite, France
Description
LES OBJECTIFS : parvenir à diminuer le gaspillage alimentaire, la pollution, les coûts, importations et dépendances tout en augmentant la disponibilité alimentaire locale, l’activité économique, l’emploi et la formation.
LE PROJET : l’association Artémis (www.artemis.blue) qui œuvre dans l’économie circulaire et l’ESS, ambitionne l’installation d’un élevage larvaire low-tech d’Hermetia illucens (Mouche Soldat Noire) à Sainte-Marguerite (88100) dans les anciens locaux de la Maison Peltex.
Cette bioraffinerie d’agrément mettra en valeur les déchets de cuisine et de table (DCT) récoltés auprès des acteurs environnants (plus de 130 points de collecte à proximité : écoles, restaurants, supermarchés...) et des habitants. Selon l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie), les biodéchets des ménages représentent 40% des ordures ménagères résiduelles, soit 18 millions de tonnes par an ; à 90% ces biodéchets sont encore majoritairement envoyés à l’incinération ou à l’enfouissement, une absurdité écologique et économique.
Ces rebuts peuvent être valorisés par leur fourniture aux larves de cet insecte diptère afin de transformer celles-ci en nourriture animale naturelle sous la forme de larves vivantes ou séchées, de farine voire d’huile. Production destinée aux animaux de compagnie et aux jardins d’ornement (larvi-compost), mais aussi aux élevages porcins, aquacoles et avicoles ; sachant que la fraction protéique de cette nourriture est un super aliment au cours des premiers stades de la vie de la volaille, des très petits poissons d’aquaculture et des crevettes.
Précisons que 2,622kg de larves vivantes correspondent à 403g de protéines, représentant 3,07kg de mix de grains pour poules et 1,81kg de croquettes pour chiens.
Ce type d’élevage, au fait de la transition écologique, est reconnu pour sa bioconversion de protéines de faible valeur en protéines, lipides, acides aminés... de qualité et à faible consommation d’eau et de surfaces. De plus, nous utilisons déjà les insectes pour la détersion des plaies (asticots) et leur bonne cicatrisation (miel), pour leurs propriétés immunostimulantes (gelée royale et propolis) ou la fabrication de sérum et de nombreux produits de l’agroalimentaire comme le saucisson, les sodas et confiseries usant du colorant rouge cochenille (E120).
Dotée d’enzymes très puissantes, la larve MSN traite ces déchets rapidement, les réduisant jusqu’à 50% de leur masse initiale avec un taux de conversion élevé en biomasse (jusqu’à 25% sur la base du poids humide). En 2015, le Pr. T-X Nguyen a constaté des taux de réduction de 67,9% pour les déchets de cuisine et 98,9% pour les fruits et légumes. Réduction et conversion en biomasse larvaire ainsi qu’en compost immature, dont les nutriments et la matière organique contribuent à réduire l’épuisement des sols.
« L’élevage de larves de mouche soldat noire comme traitement des déchets organiques est une stratégie prometteuse qui se differencie des traitements conventionnels tels que la digestion anaérobie, l’incinération ou encore le compostage, par la création d’une source de protéines pour les élevages d’animaux comme ceux des poules ou encore des poissons. » Gold et al., 2018
A noter : 1kg d’œufs de mouche soldat noire génère en moyenne 10 tonnes de larves vivantes et permet d’éliminer de 40 à 50 tonnes de déchets alimentaires, en 10 jours seulement ! Pour atteindre le même résultat en compostage, il faudrait 3 à 4 mois...
Rappelons que la loi de transition énergétique votée en 2015 prévoit qu’à l’horizon 2025, chaque citoyen devra disposer d’une solution pour trier ses déchets alimentaires et de jardin séparément. Une taxe générale sur les activités polluantes (TGAP) a vu le jour, ciblant un panel large d’acteurs et une multitude de déchets, polluants ou non. La TGAP entend favoriser fiscalement la valorisation des déchets, objet de ce projet, plutôt que l’enfouissement ou l’incinération.
Rappelons aussi que la loi anti-gaspillage et économie circulaire (loi AGEC 2020) rend le tri des biodéchets en faveur de son compostage, obligatoire pour tous au 01 Janvier 2024 ; ici, en plus du larvi-compost, Artémis propose : nourriture animale, activité, emploi, formation voire projet éducatif.
En effet, déploiement d’un projet didactique dans les écoles participantes, sur la transition écologique permise par l’économie circulaire qu’illustre cet élevage. Durant le cycle larvaire (45 jours) les élèves s’impliquent dans la récolte des biodéchets de la cantine, du foyer... à destination de l’élevage pour aboutir, après la mue adulte, à un visionnage de la production margaritaine, accompagné d’une distribution des produits de celle-ci.
Cette « école circulaire » sensibilisera sur le potentiel du geste recirculant, de produire de l’alimentation ici tout en réduisant des pollutions là : une saine et riche frugalité.
Pour ce projet, Artémis envisage la création de deux emplois en réinsertion à temps plein pour la conduite de l’élevage (traitement biodéchets / traitement récolte) et d’un mi-temps pour sa gestion, la partie pédagogique étant assurée par Guillaume Crouzier qui préside. Ces postes seront supportés par la vente de la nourriture animale, du larvi-compost, ainsi que les adhésions, mécénats et soutiens publics.
Enfin, des études biologiques, nutritives, normatives et qualitatives seront menées avec la junior entreprise EMAA (Etudes et Missions en Agronomie et Agroalimentaire de Nancy) et l’association AGRIA sur tous ces aspects afin de fournir une nourriture larvaire parfaitement adaptée aux élevages professionnels.
Bref, cette bioraffinerie produira une nourriture locale et qualitative tout en réduisant les importations coûteuses, la circulation et la consommation des ressources... voire le chômage, et permettra de monter dans le cercle vertueux et naturel de la recirculation, attendu que :
-Du côté de la demande nutritionnelle animale, elle devrait, selon la FAO, augmenter de 70% d’ici 2050, et les techniques modernes d’élevage bien qu’ayant considérablement évolué aux cours des années restent polluantes et envahissantes. En effet, près de 70% des farines de poissons nécessitent environ 20 millions de tonnes de matières premières, et sont utilisés par une aquaculture en pleine expansion, qui fournira 60% du poisson consommé d’ici 2030 (FAO), le solde étant destiné aux porcs et volailles. Cette pèche minotière perturbe les stocks de poissons, d’où une perte de diversité génétique, un déséquilibre des réseaux trophiques, et des risques sanitaires de bioaccumulation, dans la farine produite, de métaux lourds, parasites et micro-organismes... (CIWF, 2019).
-Du côté du gaspillage alimentaire, la FAO (2012) le quantifie à 1,6 milliard de tonnes par an dans le monde, et à 33%, la part de la production perdue entre la récolte et la consommation (50% de fruits et légumes). Selon l’Eurobaromètre (2017), 173 kg/personne de nourriture sont perdus par an, avec une projection européenne en hausse. En France, un volume de 20kg/an/personne est gaspillé (30% encore emballé), pour un coût de 12-20 Md€ (100-160€/habitant).
Selon l’ONU, la production de protéines issues des insectes est une alternative durable aux protéines conventionnelles, et répond parfaitement au problème de la sécurité alimentaire humaine et animale, et ce, tout en respectant l’environnement.
Bref, Artémis propose ici de diminuer le gaspillage, de préserver la biodiversité par une moindre consommation de farines de poissons et de céréales, de l’enrichir en stimulant la curiosité des enfants envers les arthropodes, nourriture de cultures éloignées, de revenir à une alimentation naturelle de la biodiversité, et de préserver des ressources tout en favorisant l’activité et la formation locales. Le tout dans un élevage associatif low-tech alimenté en pluie filtrée, en sus d’un éventuel co-ramassage organisé des déchets afin de diminuer la charge communale.
Calendrier prévisionnel et plan d’actions :
1/ Sélection d’un matériel adapté et de professionnels appropriés au projet que sauront choisir les responsables de l’association MM. Crouzier de par leurs connaissances et expériences, pour une installation de la bioraffinerie en fin d’année.
2/ Organisation de la primo ramasse début 2024 avec rodages productifs et nutrititifs.
3/ Constitution des supports didactiques (terrariums, vidéo, web) et du planning pédagogique pour la rentrée scolaire 2024.
Notons que l’étude biotechnique de cet élevage est menée par Guillaume Crouzier en lien avec les partenaires cités ; que la conduite de l’élevage est basique et que les matériels nécessaires sont « rudimentaires ».
L’installation de 72 m2 est dimensionnée pour un traitement journalier évolutif de 200kg à 600kg de biodéchets.
Au quotidien à la bioraffinerie :
1/ Ramasse quotidienne de biodéchets transitant dans des fûts alimentaires de 20l.
2/ Préparation du substrat de biodéchets par mixage et humidification avant fourniture aux larves ou stockage en chambre froide.
3/ Elevage larvaire, gestion de la garderie et des futurs reproducteurs de la pépinière.
4/ Transformations larvaires en nourriture animale et larvi-compost, en parallèle d’analyses en laboratoire.
5/ Vente de ces productions aux particuliers et professionnels locaux sur site, en ligne...
Merci de votre attention.
Commentaires - BP 2023
Exprimez votre avis sur ce projet !